L'Iowa est sûrement ce que vous appelleriez le "milieu de nulle part". Nombreux sont ceux qui considère cet Etat comme un trou noir dans la géographie américaine. Aujourd'hui pourtant, neuf "barjos" originaires de Des Moines, drapés dans des ambiances industrielles, cachés derrière des masques fait maison et réingurgitant le neo-metal façon L.A., le death metal, le hip hop et l'horreur ambiante, sont sur le point de bondir dans un monde qui ne les attend pas, à la façon d'un Orange Mécanique mis en musique. Avez-vous jamais essayé d'imaginer ce qu'un groupe de metal timbré, originaire de nulle part, donnerait ? Ultra violence n'est qu'un début de description.

Rencontrez 0,1,2,3,4,5,6,7 et 8 ou, si vous préférez leur côté humain, Sid Wilson (DJ), Joey Jordison (batterie), Paul Gray (basse), Chris Fehn (percussions), Jim Root (guitare), Craig Jones (samples), Shawn Crahan (percussions), Mick Thomson (guitare) et Corey Taylor (chant). Chacun est livré, non seulement avec un numéro et une effrayante personnalité visuelle mais aussi avec un don particulier pour son instrument qui, lorsqu'ils se combinent et se rencontrent, donnent naissance à un monstre à neuf têtes nommé Slipknot. Désormais, vous n'avez plus le choix : Slipknot est là et il va falloir apprendre à faire avec.

Formé fin 1995, le groupe est passé par les différents mais nécessaires changements de line-up avant d'arriver à ce qu'ils appellent une "famille". Venant tous de l'Iowa, le désert musical qui les entoure leur a permis de peaufiner à souhait leur style violent. Le groupe a commencé par enregistrer et distribuer un album auto-produit, Mate, Feed, Kill, Repeat en 1996, et depuis tout s'est enchaîné. Remarqué par de nombreux labels, Slipknot a finalement signé chez Roadrunner, via le label de Ross Robinson (producteur de Korn, Machine Head), I AM Records. Le vaste panel de leurs influences ressort telle une lettre d'amour et de haine lancée à la face du monde. En concert, Slipknot en ressemble à rien de déjà vu." Il faut nous voir pour le croire", sourit le n° 6.

Avoir neuf personnes dans un groupe peut sembler absurde. Mais le n° 6 déclare qu'il ne pourrait  en être autrement : "depuis trois ans, nous avons un rythme de travail très régulier. Aucun de nous ne manque jamais une répétition, nous sommes tous toujours à l'heure, et nous travaillons toujours comme une unité. Notre musique est si intimement liée à chacun de nous, que si l'un d'entre nou vient à manquer, même si c'est le DJ, elle ne sonne plus de la même manière. Tout le monde se doit donc d'être là. Ce sont des petits riens qui rendent les chansons magiques".

Aussi excitants musicalement qu'ils le sont visuellement, Slipknot insiste pour que l'aspect visuel ne l'emporte pas sur la musique." Nous n'avons pas décidé se porter des masques et des combinaisons pour que les gens s'intéressent à nous," déclare le n° 1. "Nous le faisons parce que, à force d'avoir été constamment dénigrés et ignorés alors que nous essayions de faire notre trou à Des Moines, nous avons ressenti le besoin de nous présenter comme une entité anonyme. Tout le monde s'en foutait, personne ne nous prêtait attention, donc nos noms ou nos visages étaient sans importance. Nous nous résumions à notre musique. Nous avons donc commencé à porter des masques et là, les gens ont commencé à s'intéresser à nous. Mais la musique reste le plus important cependant. En fait, nous nous sommes trouvés pris à notre propre piège, asservis à vie à nos costumes."

Mais même coincés sous leurs masques, les membres de Slipknot auraient dorénavant du mal à se sentir eux-mêmes sans eux. Le n°6 pense que " les masques sont un prolongement de notre personnalité. Tout le monde a un côté un peu tordu, un peu dérangé, et nous, nous le reportons sur nos masques. Quand on porte nos masques pendant quelques heures, puis que nous les retirons, ça nous procure une telle sensation de bien-être, c'est une vraie libération. Mais après un concert, nous ressentons le besoin de les garder un long moment et de sortir avec." Il est plus que probable que les masques et costumes évolueront avec le temps, tout comme la musique évoluera sûrement. "Je pense que les choses sont en perpétuelle évolution au sein de Slipknot. Chacun de nous grandit, mûrit, et notre musique suit notre évolution personnelle."

Quant au numéro que chacun porte, il représente son chiffre porte-bonheur tout en ayant une signification particulière pour chacun. Mais le plus étrange est, comme le rapporte le n°6, qu'il n'y ait pas eu de dispute sur tel ou tel numéro." Chacun sentait une affinité particulière pour un chiffre, et il n'y avait pas de doublons."

C'est grâce au travail de production de Ross Robinson que la vision musicale de Slipknot, première formule, a pu devenir réalité. Le n°6 reconnaît l'importance de l'implication de Ross Robinson : "Nous sommes un groupe très, très agressif, et il est rare de rencontrer des gens qui jouent le jeu de notre agressivité. Ross nous a emmenés en studio et nous a filé des coups de pied au cul. Il était vraiment dedans."

Découvrez le son de Slipknot, un son qui vient du milieu de nulle part, un endroit où Slipknot est à la fois le roi et son fou...

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